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MDC III

Si vous demandez au multi-instrumentiste gantois Mattias De Craene quel est, selon lui, un des tournants de l’histoire du jazz, il y a de fortes chances qu’il vous réponde : « le moment où John Coltrane et Rashied Ali ont enregistré "Interstellar Space" ». Cet album, enregistré en une prise et totalement improvisé, respire la liberté. Le résultat obtenu uniquement avec un saxophone et la batterie frappe toujours autant l’imaginaire aujourd’hui. Tout comme De Craene qui, il y a quelques années, avec MDCIII, a ajouté un nouveau projet à son univers impressionnant. Projet inspiré par la formation musicale historique de Coltrane, mais avec une bonne dose d’individualité ambitieuse. En effet, il fait appel non pas à un, mais à deux batteurs, Simon Segers et Lennert Jacobs, et élargit le champ des possibles en ajoutant, entre autres, de l’électronique à son instrumentarium.

L’année dernière, il a sorti l’album « Drawn In Dusk » qui, peut-être plus encore que le précédent opus, « Dreamhatcher », jongle avec des contrastes et des contradictions qui ne se ressentent pas comme tels, même s’ils sont distillés sans filtre et avec une certaine brutalité. Des intros abstraites et introspectives explosent en moments de pure extase. Les deux batteurs tantôt rivalisent, tantôt jouent de concert. Le saxophone de De Craene passe du mystère insondable des graves à l’hystérie des aigus. MDCIII crée surtout une musique qui semble libre, englobant mille et une choses. Une musique aux couleurs, aux tonalités et aux textures variées, mais qui semble toujours s’enchâsser dans un tout plus vaste. Une musique qui invite à l’écoute, au mouvement et à l’émerveillement.